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Cent-vingt poèmes

Athina Papadàki

 

Traduit par Michel Volkovitch

 

2020 — 152 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-69-3

 

À ses débuts, elle a consacré des poèmes à la salade, au repassage, à la vaisselle, sur un ton guilleret masquant la gravité secrète du propos. Avec le temps, la poésie d’Athina Papadàki s’est faite moins directement réaliste, plus dense, plus sombre aussi sans doute, mais elle persiste à dessiner, de recueil en recueil (douze à ce jour), une sorte d’autobiographie poétique — sans anecdote, au plus près de l’essentiel —, un portrait de la femme à tous ses âges et dans tous ses états : enfant, jeune fille, épouse, mère, amante, femme d’intérieur ou d’extérieur. La poésie peut s’emparer ici de n’importe quel sujet : un chapeau, les sous-vêtements féminins, un avortement… L’humble image des travaux d’aiguille y revient comme un leitmotiv.

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On assiste dans ses poèmes à un va-et-vient perpétuel entre le dedans du corps et le dehors, l’infime et l’immense, l’intime et l’universel ; et aussi entre le monde réel et celui du rêve — comme si réel et rêve étaient les deux faces d’une même pièce, comme si l’un était le trésor caché que l’autre permet d’atteindre et vice versa.

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On a pu voir en elle l’héritière de Nìkos Karoùzos et Kiki Dimoula. Elle a en commun avec ces grands anciens l’audace dans les images et l’art de personnifier jusqu’aux notions les plus abstraites. Chez elle comme chez eux, tout est vivant, charnel, tout respire. Et comme eux, elle ne ressemble à personne. 

 

Publié avec le soutien du Centre culturel hellénique
et du Centre national du livre.

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Épousseter

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Je rends la mémoire aux choses.

Le bois et le verre

sentent mon amour et resplendissent.

Même le chiffon sur le fil du balcon, je m’y intéresse

ainsi lavé, me dis-je, il doit

se souvenir de la Béotie

aux plaines cotonneuses.

Ménagère, étoffe sur étoffe

la poussière me macadamise

je recule 

à tel point

que tête

et jambes

et vêtements

s’enfuient sans ordre vers l’absence.

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