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Je veux partir

Còstas Karyotàkis

 

Traduit par Michel Volkovitch

 

2017 — 168 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-20-4

 

1928. Fonctionnaire muté en province, mourant d’ennui, atteint de la syphilis, Còstas Karyotàkis se suicide à trente-deux ans. Il laisse trois minces recueils de poèmes et quelques proses, moins de 150 pages en tout, très noires, désespérées, qui dès sa mort déchaînent les passions. D’un côté, des admirateurs et imitateurs fanatiques (on va languir, écrire et même se suicider comme lui) ; de l’autre, les défenseurs des valeurs traditionnelles qui vitupèrent sa poésie décadente.


Karyotàkis va devenir un classique, et plus encore : quelqu’un de « terriblement présent », comme on l’a récemment écrit, près d’un siècle après sa mort. Quelqu’un dont la misère personnelle a été celle de tout un peuple à son époque, mais qui surtout reste d’actualité dans notre temps sans idéaux et sans avenir, en Grèce comme ailleurs en Europe. Les Grecs amateurs de poésie — on sait combien ils sont nombreux — savourent ses poèmes aujourd’hui encore voluptueusement, ou amèrement, ou les deux ensemble.
 

Tous ses poèmes sauf un sont écrits en vers, et traduits de même.

Publié avec le soutien du Centre national du livre

et le Centre culturel hellénique.

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Ce soir est comme un rêve qui nous grise ;
ce soir le val est un lieu enchanté.
Dans le pré vert que la pluie a quitté,
lasse, la jeune fille s’est assise.    

Ses lèvres s’ouvrent, on dirait deux cerises ;
profond, son souffle plein de volupté
fait sur son sein doucement palpiter
une rose d’avril, la plus exquise.

​

Quelques rayons échappés aux nuées
hantent ses yeux ; un citronnier sur elle
a fait tomber deux gouttes de rosée

qui sur ses joues font deux diamants vermeils
et l’on croirait qu’une larme étincelle  
tandis qu’elle sourit face au soleil.

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