Objets précieux
Pavlìna Pamboùdi
Traduit par Michel Volkovitch
2016 — 144 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-10-5
Voici un tourbillon permanent d’images, de fantasmes, de visions souvent proches du cauchemar — on entre là, sans aucun doute, dans le sommeil le plus agité de la poésie grecque. Le réel n’en est pas absent, mais multiplié, éclaté, exacerbé, comme vu à travers l’œil de la mouche (titre d’un des recueils). Tout bouge, tout se défait et se refait dans une débauche de métamorphoses, une alternance de vide et de trop plein, d’existence et d’inexistence, l’œil accommodant sans cesse du tout proche du monde intérieur au tout lointain de l’infini.
Le temps lui-même fait naufrage, déréglé, immobile ou accéléré ou inversé. Si certains poèmes récents se penchent sur des réalités quotidiennes et infimes (un arbre, un animal, un insecte, des photos de famille anciennes), ils excellent à faire virer le quotidien au fantastique, à tirer de l’infime et dérouler des immensités d’espace et de temps.
Une « spirale sans fin qui monte et descend, dansant » : ce vers décrit bien le mouvement de cette œuvre vertigineuse, son éternel retour, son balancement, son tournoiement de kaléidoscope flamboyant.
Publié avec le soutien du Centre culturel hellénique.
...Le jardin souhaite son ascension.
La robe souhaite s’agiter, la fille reste inerte
Dans l’inéluctable.
Onze embryons plus bas
Sous les plis de la robe.
Neuf vivront (on ne les voit pas).
Elle épousera son assassin (elle ne le connaît pas).
Une balle dans la gorge, une dans le ventre.
Leur trajectoire doit se dessiner déjà
Dans l’avenir (on ne la voit pas).